Vous avez dû le remarquer : le soleil ne respecte plus le couvre-feu. Pendant que notre horizon se plombe, que l'actualité annonce des heures sombres, les jours rallongent. Dans l'écho des bruits de bottes, le retour des chants d'oiseaux. Les prés et jardins se colorent.
Avec le contexte épidémique, l'activité humaine s'est ralentie, mais la terre qui danse autour du soleil n'a pas perdu le tempo. Le jour prend le pas sur la nuit, qu'importe que la période soit troublée pour nous. La vie continue, et l'équinoxe est presque là. Encore une fois, la question des retrouvailles s'est posée, et la réponse n'a pas été évidente. La situation épidémico-politique n'a pas éteint en nous la disposition à célébrer ce passage, mais nous avons tout de même choisi de ne pas nous réunir pour l'équinoxe de printemps cette année.
Cet équinoxe est pour le 20 mars, sous une demi-lune croissante[1]. Ce moment nous invite à rechercher un équilibre. Pas forcément un milieu, tous curseurs au centre, mais la combinaison qui nous permet de tenir debout ici et maintenant, dans ce que nous vivons.
C'est le moment où nous célébrons le printemps, le temps des semis, avec ses énergies de renouveau, le réveil des forces de vie. Celles qui souvent secouent les créativités endormies, appellent à l'action, au démarrage de nouveaux projets, à la mise en pratique de ce qui a maturé durant l'hiver. Mais ce n'est pas parce que nous entrerons dans le signe du bélier qu'il faut foncer tête baissée ! Ce temps, assez bref, où la nuit est encore sensiblement égale au jour invite à regarder encore en nous, pour agir avec discernement et depuis ce que nous sommes profondément et entièrement.

Sous le soleil de retour, la sève monte et la vie se réveille. Nous célébrons des forces de vie brutes, sauvages, qui sont aussi en nous. Qu'en ferons-nous ?
Ithilwen
[1] Plus précisément à la veille du premier quartier.